HISTORIQUE
La Société Bretonne de Numismatique et d'Histoire a été créée à Vannes en 1991 par un groupe de numismates et de professionnels bretons ou intéressés par le monnayage breton. Parmi les professionnels fondateurs, deux marchands importants, disparus aujourd'hui, ont joué un grand rôle, Alain Naël et Gérard Barré.
Une philosophie à contre-courant: uniquement de la recherche et un sujet unique
Sa philosophie initiale consacrait la SBNH et la consacre toujours à la recherche à l'exclusion de toute activité commerciale ni de bourses. Son champ de recherches est la Bretagne au sens large, des haches à douille aux monnaies privées, des monnaies aux jetons, médailles et parfois décorations, billets et autres signes monétaires. Mais bien sûr les monnaies gauloises armoricaines et bretonnes de l'époque de l'indépendance de la Bretagne ont eu la première place dans le nombre des articles publiés.
Le sujet de la SBNH, c'est l'histoire de Bretagne, pas assez connue, surtout pas enseignée, à laquelle la numismatique apporte souvent des lumières, mais en aucun cas la numismatique seule. C'est pourquoi des historiens non numismates ont écrit dans nos annales, comme MM. Gallicé ou Jean Kerhervé. Peu d'associations numismatiques ne sont pas généralistes, et c'est pourtant l'originalité de la nôtre.
Un fonctionnement foisonnant et des publications
Dès la première année de son existence, la Société a réuni les contributions des douze mois écoulés dans des annales, dont les premiers numéros sont hélas épuisés. L'équipe qui a créé la SBNH s'est évidemment enrichie depuis mais le noyau des fondateurs est toujours là. La Société se réunit plusieurs fois pas an pour entendre les communications des chercheurs mais, comme les États de Bretagne, elle est itinérante et se déplace de Nantes à Brest, de Vannes à Saint-Malo, de Rennes à Guérande, de Pontrieux à Port Louis, et même à Jersey.
A mesure que le temps passait, elle a accompagné ou précédé l'évolution scientifique de la numismatique : gauloise, dans laquelle de moins en moins les types monétaires sont attribuables à des cités ou des peuples précis, mais à des ensembles parfois plus vastes. Bretonne, où les ensembles de monnaies ont pu faire place à des séries classées chronologiquement. Le monnayage romain en Bretagne a été, il faut le dire, peu étudié, mais il a tout de même laissé des traces, des ateliers locaux de la fin de l'Empire.Les trésors ont pu néanmoins nous ramener à l'antiquité et à des périodes moins connues, de même que les monnaies grecques, et plus tard islamiques, retrouvées sur nos côtes. Le monnayage franc en Bretagne nous a offert peu de matière. Néanmoins les dates d'extinction des ateliers francs de Vannes et Nantes renseignent sur l'avancée des populations bretonnes.
Beaucoup de recherches faites par la SBNH portent sur la Bretagne de l'indépendance. La société a pu ainsi décrypter nombre de signes considérés jusque là comme anodins, mais qui donnaient chair à nos monnaies: différents d'émission et de personnes, permettant ainsi de redresser nombre d'erreurs de chronologie.
Jean Kerhervé nous rappelait que, lorsqu'il préparait sa thèse sur l’État breton, Jean Favier lui avait demandé si les Bretons de la fin du Moyen-Age frappaient l'or. Devant sa réponse positive, Jean Favier avait alors conclu que la notion d’État était bien présente. Notre pays, en fréquente guerre contre la France, la devance parfois en matière monétaire: usage des lettres d'atelier que son puissant voisin finira par adopter, et surtout remise en ordre de la circulation monétaire à partir des années 1420, avec un système original, simple, stable et donc bénéficiant de crédit au-delà de ses frontières.
Ensuite, une place particulière a été faite au XVIe siècle, parce que ce siècle recèle encore beaucoup de zones d'ombre. Après 1600, priorité est donnée plutôt aux jetons et aux médailles, et l'on voit alors apparaître des personnages à côté des institutions; la numismatique vit ainsi d'une autre manière.
Plusieurs d'entre nous ou de nos proches ont publié des ouvrages. Philippe Abollivier a publié le sien sur l'isolat osisme (mais les attributions anciennes ont la vie dure et beaucoup de monnaies osismes sont toujours attribuées aux Vénètes), Gildas Salaün a enfin mis de l'ordre dans le monnayage des guerres de Succession, quand Yves Coativy publiait différents ouvrages aux éditions Skol Vreizh et surtout une thèse de troisième cycle sur l'ensemble du monnayage breton. Un ouvrage sur la monnaie de l'Inde française est disponible (Daniel Cariou); n'oublions pas que les navires de la Compagnie partaient de Blavet (Port-Louis). Mais surtout Yannick Jézéquel a publié son livre sur les monnaies bretonnes et, ô miracle, ses attributions ne sont plus ignorées mais souvent reprises par les professionnels. Enfin, un ouvrage d'ensemble sur les jetons bretons, et pas seulement ceux des États de Bretagne, est en préparation.
Aujourd'hui
La SBNH n'a jamais recherché le nombre parmi ses adhérents. il faut être parrainé pour y entrer. Mais elle ne souffre pas de désaffection et de nouveaux chercheurs ou auditeurs viennent la rejoindre, sans doute attirés par les connaissances au-delà de la monnaie. Espérons que l'histoire bretonne sera un jour enseignée à nos enfants, et notre avenir est de ce côté. Certains de nos membres ont créé une autre association sur les mêmes principes, spécialisation et recherche: la Société de Numismatique Asiatique, qui a la même adresse nantaise que la SBNH. Preuve que la formule fidélise des numismates très motivés. Et peut-être l'avenir de la numismatique est-il là : quand le ciment n'est plus la numismatique en général, mais le sujet précis que l'on étudie à travers la numismatique.
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